Historique de la Maison Diocésaine

Le premier séminaire fut fondé par Mgr de Beaume de Suze en 1650.

Lorsqu’il arriva dans le diocèse (peu de temps après les guerres de religion), en 1628, il se rendit compte du délabrement des paroisses et sa première visite pastorale fut une véritable mission. Il avait demandé l’aide de Jésuites et en 1633 le P. Jean-François Régis fit parti de ces missionnaires.

L’état du clergé n’était guère meilleur que celui des paroisses… A l’époque, pour être ordonné prêtre, il suffisait de savoir lire et écrire et connaître les rubriques du Missel. Mgr de Suze fut si consterné par certains prêches qu’il interdit à ses curés de prêcher sauf autorisation de sa part.

Le Concile de Trente (1545-1563) avait demandé la création de séminaires. En France au début de l’épiscopat de Mgr de Suze, Mr Olier (fondateur des pères de St Sulpice) commençait son apostolat dans les Cévennes. Il souffrit d’une affliction au genou en repos à Tournon où il fut guéri. Pour lui c’était grâce à l’intervention de Notre Dame de Bon Secours.

Mgr de Suze, lors d’une rencontre à Paris, pris contact avec M Olier pour lui demander la création d’un séminaire dans le diocèse. La requête fut agrée, trois prêtres vinrent. Le premier séminaire fut créé près de la cathédrale (ancienne maîtrise). Il connut peu de succès au départ (les futurs prêtres venaient y faire leur retraite avant l’ordination). Mr Olier passa les cinq dernières années de sa vie en Ardèche. Il fut attentif au séminaire et fit de nombreuses missions en paroisse.

En 1657 Mgr de Suze publia le premier règlement général du séminaire de Viviers. Les futurs prêtres doivent y passer trois mois avant l’ordination, 10 jours avant les ordres mineurs, 8 jours avant la tonsure.

Le séminaire grandit en importance et on y venait des diocèses voisins. En 1670 « il reçut des lettres patentés » de Louis XIV. Mais on se trouvait confronté à l’exiguïté des locaux.

Le 10 mai 1772, un incendie ravagea le séminaire. Furent épargnés: la bibliothèque, la chapelle et quelques chambres. Les séminaristes ne purent sauver leurs propres affaires. Provisoirement le séminaire se tint à Bourg Saint Andéol.

Le Grand séminaire, un nouveau bâtiment

Le 30 juin 1776 fut acquis un terrain dans le quartier du « Moulin à vent » en dehors des remparts de Viviers. Le 9 septembre les travaux de terrassement commençaient. La première pierre fut posée le 22 mai 1777. En octobre 1785 le nouveau séminaire commença à fonctionner.

A l’époque seule la partie centrale existait. Sa construction avait été bien pensée pour sa fonction. La hantise du feu avait fait que le bois ne fut employé que pour les charpentes, et si le feu prenait dans une chambre il se communiquerait difficilement ailleurs.

Nous sommes proches de la révolution française. Mgr de la Font de Savines évêque de Viviers depuis 1778, fut parmi les 4 évêques jureurs de « la constitution civile du clergé ». Lorsqu’il fit ce serment en février 1791, les directeurs du séminaire quittèrent la cathédrale. Ils refusèrent de prêter ce serment et durent quitter le séminaire. Le séminaire deviendra caserne, puis prison d’état. Ensuite chacun pouvait y puiser les matériaux dont il avait besoin. Il subira de nombreuses dégradations.

Après cette période si troublée, Mgr d’Aviau du Bois de Sanzay, archevêque de Vienne, fut nommé administrateur du diocèse de Viviers. Celui ci nomma comme vicaire général un prêtre originaire de Villeneuve de Berg qui avait eu une conduite édifiante durant la révolution : le P Régis Vernet (Sulpicien). Entre 1791 et 1802,  seuls 5 prêtres furent ordonnés pour le diocèse. Suite au Concordat de 1802, Viviers fut rattaché au diocèse de Mende.

M. Régis Vernet œuvra pour la restauration du séminaire.

Il souhaita racheter le séminaire, celui ci appartenait dorénavant à La Légion d’honneur. Dans un premier temps il le loua (l’afferma) pour 430 Fr. Il reçut l’appui du préfet de l’Ardèche qui alloua plusieurs années la somme de 1 500 Fr pour les travaux. Il réouvrit le séminaire en 1806 sans l’appui de l’évêque de Mende. Il dut le faire avec très peu de moyens. Il put racheter personnellement le séminaire en 1807 et, à la rentrée, 20 personnes y étaient présentes (17 séminaristes et 3 directeurs), l’évêque de Mende l’avait nommé supérieur. Il fit appel à la générosité du clergé de l’Ardèche pour le faire fonctionner. Le séminaire prospérait mais Napoléon décida de chasser tous les sulpiciens. M. Vernet partit à Thuyets et il rédigea les « règles de la Congrégation de la présentation de Marie » fondée par Marie Rivier.

Le rétablissement du diocèse de Viviers en 1802

M. Vernet y avait beaucoup travaillé. En 1824 il put enfin céder la propriété du séminaire au diocèse de Viviers. Le séminaire était devenu trop petit. Il fallait rajouter une aile pour les séminaristes qui faisaient « leur philo » avant de commencer la théologie. Il apparaissait aussi nécessaire de séparer ces deux communautés. Ceci fut réalisé en 1826. Les étages des deux bâtiments correspondaient entre eux.

Mais il manquait une grande chapelle. Il fut évident qu’elle devait faire face à l’aile de philo. M. Vernet en avait conçu les plans tout comme pour l’aile de philo. Tout le revêtement intérieur était en pierre de St Paul Trois châteaux. Les pilastres, colonnes et sous bassement en marbre noir et rose. Dans l »abside une statue de Notre Dame du clergé. Une tribune fut construite pour les familles des ordonnés. 4 oratoires et une grande sacristie la complète.

C’est dans cette chapelle que fut ordonné en 1901 Charles de Foucauld, prêtre du diocèse de Viviers

1905 : Lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat

La première quinzaine de décembre 1906, les directeurs et séminaristes furent expulsés. Le 19 décembre, Mgr Bonnet devait à son tour être expulsé du palais épiscopal.

Durant cette période le séminaire de Viviers servit à loger des troupes, des réfugiés alsaciens puis des suspects internés (des allemands). Ces derniers arrachèrent portes et bois pour se chauffer. Les murs furent couverts d’inscriptions, les vases sacrés volés… Ces « hôtes » indésirables ne partirent qu’en 1919.

En 1923, Mr A.M de Lafarge l’acheta au Conseil général pour la somme de 100 000 fr. Tous savaient qu’il mettrait cet immeuble à la disposition du diocèse. Après les travaux de restauration nécessaires, en février 1924, le séminaire quitta Aubenas pour Viviers. Il y avait 120 séminaristes en 1906, et seulement 70 en 1924 (La Grande Guerre avait fait son œuvre)

D’après l’ouvrage de Mg R. Hilaire, Le séminaire de Viviers son histoire (1650-1924), Aubenas, 1930

Chapelle séminaire Viviers