Bienheureux « Charles de Foucauld »
La biographie proposée ci-après est tirée des informations collectées auprès de l’Association Famille Spirituelle Charles de Foucauld.
Elle est identique à l ‘original et n’a été sectorisée que pour des raisons de présentation ou de lecture.
Vous pourrez trouver l’original de lecture sur le site de l’AFSCF ou en téléchargement en cliquant sur le bouton de cette page.
En vous souhaitant une excellente lecture.
La Prière d’Abandon de Charles de Foucauld
Mon Père, Je m’abandonne à toi.
Fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
je te remercie.
Je suis prêt à tout.
J’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi,
en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur.
Parce que je t’aime,
et que ce m’est un besoin d’amour
de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance,
car tu es mon Père.
Enfant d’une famille chrétienne (1858 à 1873)
Charles est né en France, à Strasbourg, le 15 septembre 1858 et il a été baptisé deux jours après sa naissance.
« Mon Dieu, nous avons tous à chanter vos miséricordes : Fils d’une sainte mère, j’ai appris d’elle à Vous connaître, à Vous aimer et à Vous prier : Mon premier souvenir n’est-il pas la prière qu’elle me faisait réciter matin et soir : « Mon Dieu, bénissez papa, maman, grand-papa, grand-maman, grand-maman Foucauld et petite soeur » ?… »
Mais, maman, papa et grand-maman Foucauld meurent en 1864. Le grand-père prend chez lui les deux enfants : Charles (6 ans) et Marie (3 ans).
« J’ai toujours admiré la belle intelligence de mon grandpère dont la tendresse infinie entoura mon enfance et ma jeunesse d’une atmosphère d’amour dont je sens toujours avec émotion la chaleur. »
Le 28 avril 1872, Charles fait sa Première Communion. Il est confirmé le même jour.
Jeune dans un monde sans Dieu (1874 à 1876)
Charles est intelligent et il étudie facilement. Il aime beaucoup les livres, mais il lit n’importe quoi.
« Si je travaillais un peu à Nancy c’est parce qu’on me laissait mêler à mes études une foule de lectures qui m’ont donné le goût de l’étude, mais m’ont fait le mal que vous savez… »
Peu à peu, Charles s’éloigne de la foi. Il continue à respecter la religion catholique, mais il ne croit plus en Dieu.
« Je demeurai douze ans sans rien nier et sans rien croire, désespérant de la vérité, et ne croyant même pas en Dieu, aucune preuve ne me paraissant assez évidente. »
« A 17 ans j’étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j’étais comme affolé… »
« J’étais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes : Il n’y avait plus que moi. »
Militaire sans conviction (1876 à 1882)
Après deux ans d’études à l’École Militaire, Charles est officier. Son grand-père vient de mourir et Charles reçoit tout l’héritage. Il a 20 ans.
Pendant plusieurs années, Charles va chercher son plaisir dans la nourriture et dans les fêtes. On l’appelle alors le « Gros Foucauld ».
« Je dors longtemps. Je mange beaucoup. Je pense peu. »
Mais en octobre 1880, Charles est affecté en Algérie. L’Algérie lui plaît et ses habitants l’intéressent.
« La végétation est superbe : palmiers, lauriers, orangers. C’est un beau pays ! Pour moi, j’en ai été émerveillé : au milieu de tout cela des arabes en burnous blancs ou vêtus de couleurs vives, avec une foule de chameaux, de petits ânes et de chèvres, qui sont de l’effet le plus pittoresque. »
Mais pour une affaire de femme, Charles refuse les conseils de ses Supérieurs. On lui enlève son emploi.
A peine arrivé en France, il apprend que son régiment est envoyé en Tunisie.
« Une expédition de ce genre est un plaisir trop rare pour le laisser passer sans tâcher d’en jouir. – On m’a bien replacé en Afrique, comme je l’avais demandé, mais pas tout à fait dans le régiment que je voulais. Je fais partie d’une colonne qui manoeuvre sur les hauts plateaux, au Sud de Saïda. – C’est très amusant : la vie de camp me plaît autant que la vie de garnison me déplaît . J’espère que la colonne durera très-longtemps ; quand elle sera finie, je tâcherai d’aller ailleurs où on se remue. »
Le 15 janvier 1882, les ‘colonnes’ sont finies et Charles est de nouveau dans une caserne.
« Je déteste la vie de garnison… j’aime bien mieux profiter de ma jeunesse en voyageant ; de cette façon au moins je m’instruirai et je ne perdrai pas mon temps. »
Et le 28 janvier 1882, il envoie sa démission de l’armée
Voyageur sérieux (1882 à 1886)
Charles décide alors de s’installer à Alger pour préparer ses voyages.
« Ce serait dommage de faire d’aussi beaux voyages, bêtement et en simple touriste : je veux les faire sérieusement, emporter des livres et apprendre aussi complètement que possible, l’histoire ancienne et moderne, surtout ancienne, de tous les pays que je traverserai. »
Le Maroc est tout proche, mais il est interdit aux Européens. Charles est attiré par ce pays très peu connu. Apres une longue préparation de 15 mois, Charles part au Maroc avec le Juif Mardochée qui sera son guide.
« En 1883, sur les terres du sultan, l’Européen peut circuler au grand jour et sans danger ; dans le reste du Maroc, il ne peut pénétrer que travesti et au péril de sa vie : il y est regardé comme un espion et serait massacré s’il était reconnu. Presque tout mon voyage se fit en pays indépendant. Je me déguisai dès Tanger, afin d’éviter ailleurs des reconnaissances embarrassantes. Je me donnai pour Israélite. Durant mon voyage, mon costume fut celui des Juifs marocains, ma religion la leur, mon nom le rabbin Joseph. Je priais et je chantais à la synagogue, les parents me suppliaient de bénir leurs enfants… »
« A qui s’informait de mon lieu de naissance je répondais tantôt Jérusalem, tantôt Moscou, tantôt Alger. »
« Demandait-on le motif de mon voyage ? Pour le musulman, j’étais un rabbin mendiant qui quêtait de ville en ville; pour le Juif, un Israélite pieux venu au Maroc malgré les fatigues et dangers, pour s’enquérir de la condition de ses frères. »
« Tout mon itinéraire a été relevé à la boussole et au baromètre. »
« En marche, j’avais sans cesse un cahier de cinq centimètres carrés caché dans le creux de la main gauche ; d’un crayon long de deux centimètres qui ne quittait pas l’autre main, je consignais ce que la route présentait de remarquable, ce qu’on voyait à droite et à gauche ; je notais les changements de direction, accompagnés de visées à la boussole, les accidents de terrain, avec la hauteur barométrique, l’heure et la minute de chaque observation, les arrêts, les degrés de vitesse de la marche, etc. J’écrivais ainsi presque tout le temps de la route, tout le temps dans les régions accidentées. »
« Jamais personne ne s’en aperçut, même dans les caravanes les plus nombreuses ; je prenais la précaution de marcher en avant ou en arrière de mes compagnons, afin que, l’ampleur de mes vêtements aidant, ils ne distinguassent point le léger mouvement de mes mains. La description et le levé de l’itinéraire emplissaient ainsi un certain nombre de petits cahiers. »
« Dès que j’arrivais en un village où il me fût possible d’avoir une chambre à part, je les complétais et je les recopiais sur des calepins qui formaient mon journal de voyage. Je consacrais les nuits à cette occupation. »
« Pendant le court séjour à Tisint, je fis plusieurs connaissances : tous les hadjs voulurent me voir. Pour le seul fait que je venais d’Algérie, où ils avaient été bien reçus, tous me firent le meilleur accueil; plusieurs, je le sus depuis, se doutèrent que j’étais Chrétien; ils n’en dirent mot, comprenant mieux que moi peut-être les dangers où leurs discours pourraient me jeter. »
« En arrivant à Agadir, je descendis chez le Hadj Bou Rhim. Je ne puis dire combien j’eus à me louer de lui, ni quelle reconnaissance je lui dois : il fut pour moi l’ami le plus sûr, le plus désintéressé, le plus dévoué ; en deux occasions, il risqua sa vie pour protéger la mienne. Il avait deviné, au bout de peu de temps, que j’étais chrétien ; je le lui déclarai moi-même dans la suite : cette preuve de confiance ne fit qu’augmenter son attachement. »
Pendant 11 mois, Charles a souvent reçu des injures et des cailloux. Plusieurs fois il a même risqué d’être tué.
Le 23 mai 1884, un pauvre mendiant arrive au poste frontière de l’Algérie. Il est pieds nus, maigre et couvert de saleté. Ce pauvre Juif s’appelle Charles de Foucauld.
« Cela a été dur, mais très intéressant, et j’ai réussi ! »
Le monde scientifique de l’époque est enthousiasmé par le travail de Charles : une véritable exploration ! Il a parcouru 3000 km dans un pays presque inconnu. C’est la gloire !
Chercheur de Dieu (1886 à 1890)
Mais Charles ne s’intéresse pas à cette gloire. Il quitte l’Algérie et s’installe près de sa famille à Paris. Il a 28 ans.
« Au commencement d’octobre de cette année 1886, après six mois de vie de famille 15, pendant que j’étais à Paris, faisant imprimer mon voyage au Maroc, je me suis trouvé avec des personnes très intelligentes, très vertueuses et très chrétiennes; en même temps, une grâce intérieure extrêmement forte me poussait : je me mis à aller à l’église, sans croire, ne me trouvant bien que là et y passant de longues heures à répéter cette étrange prière: « Mon Dieu, si Vous existez, faites que je Vous connaisse ! » »
« Mais je ne Vous connaissais pas… »
« Oh ! mon Dieu comme Vous aviez la main sur moi, et comme je la sentais peu ! Que vous êtes bon ! Que vous êtes bon ! Comme Vous m’avez gardé ! Comme Vous me couviez sous vos ailes lorsque je ne croyais même pas à Votre existence ! »
« Par la force des choses, Vous m’aviez obligé à être chaste. C’était nécessaire pour préparer mon âme à recevoir la vérité : Le démon est trop maître d’une âme qui n’est pas chaste. »
« En même temps Vous m’aviez ramené dans ma famille où j’ai été reçu comme l’enfant prodigue. »
« Tout cela c’était Votre oeuvre, mon Dieu, Votre oeuvre à vous seul… Une belle âme Vous secondait, mais par son silence, sa douceur, sa bonté, sa perfection… Vous m’avez attiré par la beauté de cette âme. »
« Vous m’avez alors inspiré cette pensée : « Puisque cette âme est si intelligente, la religion qu’elle croit ne saurait être une folie.
Etudions donc cette religion : prenons un professeur de religion catholique, un prêtre instruit, et voyons ce qu’il en est, et s’il faut croire ce qu’elle dit. » »« Je me suis alors adressé à l’Abbé Huvelin. Je demandais des leçons de religion : il me fit mettre à genoux et me fit me confesser, et m’envoya communier séance tenante… »
« S’il y a de la joie dans le ciel à la vue d’un pécheur se convertissant, il y en a eu quand je suis entré dans ce confessionnal ! »
« Que vous avez été bon ! Que je suis heureux ! »
« Moi qui avais tant douté, je ne crus pas tout en un jour; tantôt les miracles de l’Evangile me paraissaient incroyables; tantôt je voulais entremêler des passages du Coran dans mes prières. Mais la grâce divine et les conseils de mon confesseur dissipèrent ces nuages… »
« Mon Seigneur Jésus, vous avez mis en moi ce tendre et croissant amour pour vous, ce goût de la prière, cette foi en votre Parole, ce sentiment profond du devoir de l’aumône, ce désir de vous imiter, cette soif de vous faire le plus grand sacrifice qu’il me fut possible de vous faire. »
« Je désirais être religieux, ne vivre que pour Dieu. Mon confesseur me fît attendre trois ans. »
« Le pèlerinage en Terre Sainte, quelle influence bénie il a eu sur ma vie, quoique je l’ai fait malgré moi, par pure obéissance à Monsieur l’Abbé… »
« Après avoir passé la Noël de 1888 à Bethléem, avoir entendu la Messe de Minuit et reçu la Ste Communion dans la Ste Grotte, au bout de deux ou trois jours, je suis retourné à Jérusalem. La douceur que j’avais éprouvée à prier dans cette grotte qui avait résonné des voix de Jésus, de Marie, de Joseph avait été indicible. »
« J’ai bien soif de mener la vie que j’ai entrevue, devinée en marchant dans les rues de Nazareth, que foulèrent les pieds de NS, pauvre artisan perdu dans l’abjection et l’obscurité… »
Moine à la Trappe (1890 à 1897)
Charles est très attaché à sa famille et à ses amis, mais il se sent appelé à tout laisser pour suivre Jésus. Et le 15 janvier 1890, il entre à la Trappe.
« L’Evangile me montra que le premier commandement est d’aimer Dieu de tout son coeur et qu’il fallait tout enfermer
dans l’amour; chacun sait que l’amour a pour premier effet l’imitation. Il me sembla que rien ne me présentait mieux cette vie que la Trappe. »« Tous les hommes sont les enfants de Dieu qui les aime infiniment : il est donc impossible de vouloir aimer Dieu sans aimer les hommes : plus on aime Dieu plus on aime les hommes. L’amour de Dieu, l’amour des hommes, c’est toute ma vie, ce sera toute ma vie je l’espère. »
Charles est heureux à la Trappe. Il apprend beaucoup. II reçoit beaucoup. Mais il lui manque encore quelque chose.
« Nous sommes pauvres pour des riches, mais pas pauvres comme l’était Notre-Seigneur, pas pauvres comme je l’étais au Maroc, pas pauvres comme Saint François. »
« J’aime Notre-Seigneur Jésus-Christ, et je ne puis supporter de mener une vie autre que la Sienne… Je ne veux pas traverser la vie en 1ère classe pendant que Celui que j’aime l’a traversée dans la dernière… »
« Je me suis demandé s’il n’y avait pas lieu de chercher quelques âmes avec lesquelles on pût former un commencement de petite congrégation. »
« Le but serait de mener aussi exactement que possible la vie de Notre-Seigneur : vivant uniquement du travail des mains, suivant à la lettre tous ses conseils… »
« Ajouter à ce travail beaucoup de prières, ne former que de petits groupes, se répandre partout surtout dans les pays infidèles si abandonnés et où il serait si doux d’augmenter l’amour et les serviteurs de Notre-Seigneur Jésus. »
Ermite au pays de Jésus (1897 à 1900)
Le 23 janvier 1897, le Supérieur Général des Trappistes annonce à Charles qu’il peut sortir de la Trappe pour suivre Jésus, le pauvre artisan de Nazareth.
Charles part en Israël. Il arrive à Nazareth ou les Sœurs Clarisses le prennent comme domestique.
« Le bon Dieu m’a fait trouver ce que je cherchais : l’imitation de ce que fût la vie de Notre-Seigneur Jésus dans ce même Nazareth… »
« Dans ma cabane de planches, aux pieds du Tabernacle des Clarisses, dans mes journées de travail et mes nuits de prière, j’ai tellement bien ce que je cherchais qu’il est visible que le bon Dieu m’avait préparé ce lieu. »
Mais Charles veut partager cette vie de Nazareth avec d’autres frères. C’est pourquoi il écrit la Règle des Petits Frères.
« J’ai tenu à composer une règle très simple, propre à donner à quelques âmes pieuses une vie de famille autour de la Sainte Hostie. »
« Ma règle est si étroitement liée au culte de la Sainte Eucharistie qu’il est impossible qu’elle soit observée par plusieurs sans qu’ils aient un prêtre et un tabernacle; ce n’est que lorsque je serai prêtre et qu’il y aura un oratoire autour duquel on puisse se serrer, que je pourrai avoir quelques compagnons… »
En aout 1900, Charles rentre en France. M. l’Abbé Huvelin est bien d’accord pour qu’il reçoive le Sacerdoce.
« J’ai été passer un an dans un couvent, à étudier, et j’y ai reçu les Sts Ordres. Prêtre depuis le mois de juin dernier, je me suis senti appelé aussitôt à aller aux « brebis perdues », aux âmes les plus abandonnées, les plus délaissées, afin d’accomplir envers elles ce devoir de l’amour : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés, c’est à cela qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ». Sachant par expérience que nul peuple n’était plus abandonné que les musulmans du Maroc, du Sahara algérien j’ai demandé et obtenu la permission de venir à Béni Abbès, petite oasis du Sahara algérien sur les confins du Maroc. »
Frère de tous à Béni Abbès (1901 à 1904)
Le 28 octobre 1901, Charles arrive à Béni Abbès.
« Les indigènes m’ont parfaitement accueilli; j’entre en relations avec eux, tâchant de leur faire un peu de bien. »
« Les militaires se sont mis, à me construire, en briques sèches et troncs de palmiers, une chapelle, trois cellules et
une chambre d’hôtes. »« Je veux habituer tous les habitants, à me regarder comme leur frère, le frère universel… Ils commencent à appeler la maison « la fraternité », et cela m’est doux… »
Chaque jour, Charles passe des heures au pied du Tabernacle.
« L’Eucharistie, c’est Jésus, c’est tout Jésus. »
« Quand on aime, on voudrait parler sans cesse à l’être qu’on aime, ou au moins le regarder sans cesse : la prière n’est pas autre chose : l’entretien familier avec notre Bien-Aimé : on Le regarde, on Lui dit qu’on L’aime, on jouit d’être à Ses pieds. »
Mais, à chaque instant on frappe à la porte. ‘Tout ce que vous faites à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le faites’. L’Evangile a déjà transformé la vie de Charles qui ouvre aussitôt la porte pour accueillir le Bien Aimé.
« De 4h30 du matin à 8h30 du soir, je ne cesse de parler, de voir du monde : des esclaves, des pauvres, des malades, des soldats, des voyageurs, des curieux. »
Dans cette région, Charles découvre l’esclavage. Il est scandalisé.
« Quand le gouvernement commet une grave injustice contre ceux dont nous sommes dans une certaine mesure chargé, il faut le lui dire, car nous n’avons pas le droit d’être des » sentinelles endormies » des « chiens muets » des « pasteurs indifférents ». »
Les murs de la Fraternité sont construits et Charles attend des frères.
« Priez Dieu pour que je fasse ici l’oeuvre qu’il m’a donnée à faire : que j’y établisse un petit couvent de moines fervents et charitables, aimant Dieu de tout leur coeur et le prochain comme eux-mêmes; une Zaouïa de prière et d’hospitalité d’où rayonne une telle piété que toute la contrée en soit éclairée et réchauffée ; une petite famille imitant si parfaitement les vertus de JÉSUS que tous, aux alentours, se mettent à aimer JÉSUS! »
Mais les Freres ne viennent pas.
« Je suis toujours seul, plusieurs me font dire pourtant qu’ils voudraient se joindre à moi, mais il y a des difficultés dont la principale est l’interdiction par les autorités civiles et militaires à tout Européen de circuler dans ces régions, à cause de l’insécurité. »
En juin 1903, l’évêque du Sahara passe quelques jours à Béni Abbès. Il vient du Sud ou il a visité les Touaregs. Charles se sent attiré par ces gens qui vivent au cœur du désert.
Il n’y a pas de pretres disponibles pour aller là-bas, aussi Charles se propose.
« Pour l’extension du saint Evangile : je suis prêt à aller au bout du monde et à vivre jusqu’au jugement dernier… »
« Mon Dieu, faites que tous les humains aillent au ciel ! »
Ami des Touaregs (1904 à 1916)
Le 13 janvier 1904, Charles part chez les Touaregs.
Départ d’Akabli avec le Commandant Laperrine pour l’accompagner dans sa tournée. Son intention est de
visiter les populations nouvellement soumises et de pousser jusqu’à Tombouctou…« Ma vocation ordinaire, c’est la solitude, la stabilité, le silence… Mais si je crois, par exception, être appelé parfois à autre chose, je n’ai qu’à dire comme Marie : ‘Je suis la Servante du Seigneur’. »
« En ce moment je suis nomade, allant de campement en campement, tâchant d’apprivoiser, de mettre en confiance, en amitié… Cette vie nomade a l’avantage de me faire voir beaucoup d’âmes et de me faire connaître le pays… »
« Le pays étant presque toujours pauvre en eau ou en pâturage, les Touaregs sont obligés de se séparer, se disséminer, pour pouvoir nourrir et abreuver leurs troupeaux. Ils vivent par tout petits groupes, une tente ici, quelques tentes là… Partout on en trouve, mais presque toujours très peu ensemble. »
« Depuis longtemps, je demandais à JESUS d’être pour l’amour de Lui, dans des conditions analogues, comme bien-être, à celles où j’étais au Maroc, pour mon plaisir. Ici, comme installation, c’est la même chose. »
« Aujourd’hui, j’ai le bonheur de placer – pour la 1ère fois en pays touareg – la Ste Réserve dans le Tabernacle. »
« COEUR Sacré de JÉSUS, merci de ce 1er Tabernacle des pays touaregs ! Qu’il soit le prélude de beaucoup d’autres et l’annonce du salut de beaucoup d’âmes ! COEUR Sacré de JÉSUS, rayonnez du fond de ce Tabernacle sur le peuple qui Vous entoure sans Vous connaître ! Éclairez, dirigez, sauvez ces âmes que Vous aimez ! »
« Envoyez de saints et nombreux ouvriers et ouvrières évangéliques chez les Touaregs, au Sahara, au Maroc, partout où il en faut ; envoyez-y de saints petits frères et petites soeurs du Sacré COEUR, si c’est votre Volonté ! »
« Mon temps qui n’est pas employé à marcher ou à prier, est occupé à étudier leur langue. »
« Je viens de finir la traduction des Sts Evangiles en langue touarègue. Ce m’est une grande consolation que leur 1er livre soit les Saints Evangiles. »
« Unissez-vous à moi, aidez-moi dans mon travail, priez avec moi pour toutes ces âmes du Sahara, du Maroc, de l’Algérie. »
« Par la grâce du Bien-Aimé Jésus, il m’est possible de m’installer, à Tamanrasset… »
« Je vais rester ici, seul européen… très heureux d’être seul avec Jésus, seul pour Jésus… »
« Résider seul dans le pays est bon ; on y a de l’action, même sans faire grand-chose, parce qu’on devient ‘du pays’. »
« Priez pour qu’un peu de bien se fasse parmi ces âmes pour lesquelles Notre Seigneur est mort. »
« Cette Afrique, cette Algérie, ces millions d’infidèles appellent tellement la sainteté qui seule obtiendra leur conversion; priez pour que la Bonne Nouvelle arrive et que les derniers venus se présentent enfin à la crèche de Jésus pour adorer à leur tour. »
« Il faudrait que le pays fût couvert de religieux, religieuses et de bons chrétiens restant dans le monde pour prendre contact avec tous ces pauvres musulmans et pour les instruire. »
« Serait-il possible de trouver des infirmières laïques, toutes à Jésus de coeur, consentant et souhaitant venir se dévouer pour Jésus, sans le nom ni l’habit de religieuses… »
« Ma présence fait-elle quelque bien ici ? Si elle n’en fait pas, la présence du Très Saint Sacrement en fait certainement beaucoup. Jésus ne peut être en un lieu sans rayonner. De plus le contact avec les indigènes fait disparaître peu à peu leurs préventions et préjugés. C’est bien lent, bien peu de chose ; priez pour que votre enfant fasse plus de bien, et que de meilleurs
ouvriers que lui viennent défricher ce coin du champ du Père de famille. »« Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. Si l’on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : « Parce que je suis le serviteur d’un bien plus bon que moi ». »
« Poursuivi par la pensée du délaissement spirituel de tant d’infidèles, j’ai jeté sur le papier, à la suite de ma dernière retraite, il y a un an, un projet de Confrérie, d’Association catholique. La Confrérie que j’appelle «Union des Frères et Soeurs du Sacré Coeur de Jésus» a un triple but : produire un retour à l’Évangile dans la vie des personnes de toute condition ; produire
un accroissement d’amour à la sainte Eucharistie ; produire une poussée vers l’évangélisation des infidèles. »« Les Touaregs de mon voisinage me donnent les plus grandes douceurs et consolations; j’ai parmi eux d’excellents amis. »
« Mes travaux de langue marchent bien. Le Dictionnaire abrégé est fini et son impression commence dans quelques jours. Le Dictionnaire des noms propres sera fini en 1914 avec le Dictionnaire Touareg-Français, plus complet. Je pense finir en 1916 le recueil des Poésies et des Proverbes, et en 1917 les Textes en prose. La grammaire sera pour 1918 si Dieu me prête
vie et santé. »« Je ne puis pas dire que je désire la mort; je la souhaitais autrefois; maintenant je vois tant de bien à faire, tant d’âmes sans pasteur, que je voudrais surtout faire un peu de bien. »
« Demain, dix ans que je dis la Ste Messe dans l’ermitage de Tamanrasset ! et pas un seul converti ! Il faut prier, travailler et patienter. »
« Je suis persuadé que ce que nous devons chercher pour les indigènes de nos colonies, ce n’est ni l’assimilation rapide ni la simple association ni leur union sincère avec nous, mais le progrès qui sera très inégal et devra être cherché par des moyens souvent bien différents : le progrès doit être intellectuel, moral et matériel. »
Depuis deux ans, la guerre déchire l’Europe. Elle commence aussi à venir au Sahara.
« A 450 km d’ici, le fort français de Djanet a été investi par plus de mille Senoussistes armés d’un canon et de mitrailleuses. Après ce succès, les Senoussistes ont la route libre pour venir ici ; rien ne peut les en empêcher que le bon Dieu. »
Mais Dieu ne l’a pas empêché et Charles est violemment tué le 1er décembre 1916.
« Quand le grain de blé qui tombe à terre ne meurt pas, il reste seul ;
s’il meurt, il porte beaucoup de fruits… »