Le cri de l’abandon en Dieu

« Lettre de Moussa ag Amastane à Mme de Blic.

— Louange à Dieu unique !

« A la seigneurie de notre amie Marie,

la sœur de Charles notre marabout,

que les traîtres et trompeurs, les gens d’Azdjer, ont assassiné,

de la part du Tebeul Moussa ag Amastane, aménokal du Hoggar.

Que le salut soit beaucoup sur notre amie Marie la dénommée !

Dès que j’ai appris la mort de notre ami, votre frère Charles,

mes yeux se sont fermés ; tout est sombre pour moi ;

j’ai pleuré et j’ai versé beaucoup de larmes,

et je suis en grand deuil. Sa mort m’a fait beaucoup de peine.

« Moi je suis loin de l’endroit où les traîtres voleurs et trompeurs l’ont tué,

c’est-à-dire, ils l’ont tué en Ahaggar, et moi je suis en Adrar,

mais, s’il plaît à Dieu, les gens qui ont tué le marabout,

nous les tuerons jusqu’à ce que nous ayons accompli notre vengeance.

« Donnez le bonjour de ma part à vos filles,

votre mari et tous vos amis, et dites-leur :

Charles le marabout n’est pas mort que pour vous autres seuls,

il est mort aussi pour nous tous.

Que Dieu lui donne la miséricorde,

et que nous nous rencontrions avec lui au paradis !

Le 20 de safar 1335 (le 13 décembre 1916).

Traduit à Fort-Motylinski, le 25 décembre 1916. »

Charles de Foucauld.

Explorateur du Maroc, ermite du Sahara

René Bazin